Outre-mondes
La virtualité à l’épreuve de nos désirs
Table ronde
Auteurs: Christophe Burgesss, Lisa Courvallet, Paul Lëon, Valérie Félix, Michael Groneberg, Izabella Pluta
Théâtre les Halles à Sierre
CRITIQUES. Regard sur la technologie dans le spectacle vivant. Carnet en ligne de Theatre in Progress avec Comité de lecture (pour cette table ronde : Gemma Arduini, Théo Arnulf, Claude Beyeler, Izabella Pluta)
Ce débat a été organisé à l’occasion de la création intitulée « Brainwaves » dont la première a eu lieu le 6 novembre 2021 au Théâtre les Halles à Sierre. Cette pièce immersive intègre la réalité virtuelle dans une expérience théâtrale, mettant en lumière les défis et les innovations liés à la fusion des technologies numériques et du spectacle vivant. Neuf spectateurs sont assis en cercle sur des chaises et porte un visiocasque qui leur permet de voir l’histoire en 3D. La pièce présente un récit immersif qui brouille les frontières entre réalités virtuelles et physiques, notamment sur le plan du jeu. L’actrice réelle joue le personnage d’Ivy en se déplaçant dans l’espace physique du public qui ne la voit pas et en animant la représentation numérique du personnage – un avatar vu dans l’espace virtuel à travers le casque. Ivy est une jeune femme atteinte du syndrome d’enfermement à qui est offert un corps virtuel. La performance présente une approche novatrice de la narration et de la performance, démontrant le potentiel des nouvelles technologies pour repousser les limites du théâtre traditionnel.
Table ronde avec Christophe Burgesss (metteur en scène, RGB Project), Lisa Courvallet (comédienne), Paul Lëon (designer, collectif ZEROTERA, Floating Point Studio), Valérie Félix (Prof. intervenante, histoire de l’art, EDHEA), Michael Groneberg (MER, philosophe, Université de Lausanne, Section de philosophie), modération : Izabella Pluta (Dr, chercheuse en études théâtrales, Université de Lausanne, Centre d’études théâtrales) ; Théâtre les Halles à Sierre (Suisse), le 13 novembre à 18h30.
« Brainwaves ». Phot. Céline Ribordy
Izabella Pluta : Quel est votre rapport à l’avatar, le personnage d’Ivy de la pièce ?
Valérie Félix : Nous devons apprendre à avoir un rapport de parole avec l’avatar. Il faut vite supprimer la barrière et se dire que nous pouvons le saluer. J’ai beaucoup apprécié cette démarche.
Lisa Courvallet : Est-ce que c’était difficile de répondre à l’avatar ?
Valérie Félix : Oui, je pense qu’il y a vraiment ce rapport aux casques de réalité virtuelle,
qui, peut-être, brouillent les pistes de la relation directe entre le public et la comédienne.
Michael Groneberg : Je n’ai pas ressenti la même chose. Personnellement, je n’étais pas sûr que vous me parliez vraiment ou si vous parliez encore à mon voisin [à Lisa].
Valérie Félix : Est-ce que ça fait partie d’un scénario et est-ce que vous attendez [à Lisa] une réponse de nous ou non ? En tout cas, je l’ai ressenti comme ça : je me demandais si je devais intervenir ou pas.
Paul Lëon : Cette impression tient peut-être au fait que nous avons eu, il me semble, un petit problème de calibration sur la pièce à laquelle vous avez assisté et généralement, l’avatar va se trouver vraiment en face de la personne, donc l’adresse est comprise.
Michael Groneberg : Oui, je m’en suis rendu compte parce que le monsieur à côté de moi était au sol, alors je me suis dit : « ça ne peut pas être juste ! »
Lisa Courvallet : C’est parce qu’il n’y avait probablement personne à côté de vous.
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